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Une fontaine d'absinthe active l'œuvre : le choix de cet objet évoque l'intoxication, l'évanescence, et fait aussi écho au choix des images : des instantanés pris dans l'euphorie de la nuit.
"Ça monte pas, est-ce que c'était la bonne dose ?" devient un réservoir de temporalités et de rythmes multiples. Je trouve la temporalité de l'instantané, mais aussi celle des réactions chimiques, du développement aux oxydations, jusqu’à l'évaporation. Nous assistons à une émeute de couleurs, de matière vivante. On a l’impression que l’image émerge d’un long sommeil et que nous sommes témoins de son réveil, avec sa décadence.
L'objet trouve également un rythme dans l'espace, invitant à l'exploration et ralentissant le passage. C'est une invitation à ralentir son regard également ; la tension monte dans l'attente de la goutte qui tombe, dans l'anticipation de la révélation d'une nouvelle image. Je veux que le spectateur se sente obligé de revenir vers elle, après quelques heures, un jour, une semaine, pour voir l'évolution de l'œuvre.
Cette œuvre raconte l'histoire de la genèse de la photographie : l'image est détruite par sa matière mère et la manipulation chimique en renforce la visibilité. Nous vivons dans une société qui consomme les images sans les digérer ; ici, la photographie se digère elle-même tout en crachant une nouvelle image.